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Les chauffeurs réclament la mise en place d’une tarification minimale comprenant un plancher de 12 euros net la course.

Les chauffeurs réclament la mise en place d’une tarification minimale comprenant un plancher de 12 euros net la course.

Ce samedi, les chauffeurs VTC étaient appelés à «grève illimitée» dans plusieurs villes de France. Ils réclament un tarif minimum dans la profession. Mais ce mouvement, à l’initiative principalement de la CFDT, n’a pas vraiment pris. En région parisienne, une vingtaine de chauffeurs, présents dans la matinée non loin de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, a levé le camp à la mi-journée pour se rendre à Bercy. Ils devaient aller en milieu d’après-midi au ministère des Transports, boulevard Saint-Germain à Paris (VIIe arrondissement) où une délégation devait être reçue par le cabinet d’Élisabeth Borne.

À Nice, toutefois, ils étaient plus nombreux. Entre 150 et 200 chauffeurs VTC, selon les chiffres des organisateurs, avaient installé dès 6 heures des barrages filtrants aux entrées de l’aéroport international. «On laisse passer les taxis et les particuliers mais on empêche les VTC d’aller charger ou décharger», a indiqué Mimoun Zarioh, un représentant de la section CFDT-VTC des Alpes-Maritimes. Ce dispositif devait être maintenu jusqu’à 15 heures. En revanche, à Bordeaux, un rassemblement initialement prévu dans la matinée devant la gare n’a pas eu lieu. Enfin, à Marseille, un rassemblement était également prévu en milieu de matinée aux abords de la gare Saint-Charles.

Une «tarification minimum» net

Que réclament-ils? Réunis au sein de «l’Union des VTC», nouvelle structure qui n’a pour l’instant été rejointe ni par FO Capa VTC, ni par le syndicat des chauffeurs privés SCP VTC, ces chauffeurs veulent pousser l’État à instaurer une «tarification minimum» net pour le chauffeur comprenant un plancher de 12 euros la course, 2 euros la prise en charge, 1,50 euro le kilomètre et 0,50 euro la minute. Des tarifs très éloignés de ceux pratiqués par Uber, en moyenne à cinq euros la course.

Actuellement, les collectifs de VTC estiment que les chauffeurs travaillent en moyenne soixante heures par semaine pour percevoir le Smic à la fin du mois. Des chiffres en adéquation avec le rapport de février 2017 du médiateur du gouvernement, Jacques Rapoport. Selon les estimations de la CFDT, un chauffeur VTC gagnerait en moyenne 7,56 euros brut par heure. «Les chauffeurs ne s’en sortent pas» avec des courses parfois payées seulement «4,50 euros», «même un livreur de pizzas gagne mieux», témoigne Karim Aissaoui, chauffeur VTC multiplateforme depuis 5 ans. Tous dénoncent «la précarité» du métier et des charges trop élevées qui amputent de «35%» leur revenu, selon eux.

Les négociations à l’arrêt

Le 8 décembre dernier, Élisabeth Borne, la ministre chargée des Transports, avait annoncé le lancement imminent d’une «mission de réflexion sur la régulation du secteur». Portant notamment sur «la mise en place d’une tarification minimale» et «la réglementation du temps de conduite». De quoi calmer pour un temps la grogne des syndicats. Problème: trois mois après, tout est au point mort. «Aujourd’hui, rien n’est lancé. Nous avons besoin de garanties sur la date de début des travaux», affirme Fabian Tosolini, représentant de la CFDT VTC-Loti. «Nous avons été reçus en décembre dernier, on nous a indiqué que les discussions commenceraient début janvier», précise-t-il.

C’est l’annonce par le gouvernement d’une augmentation de la fiscalité sur le gasoil – plus 7,6 centimes à la pompe – qui a mis le feu aux poudres. «Les chauffeurs en ont marre! Ce sont eux qui sont venus nous voir pour qu’on organise cette manifestation», commente Fabian Tosolini. L’Union des VTC espère pouvoir formuler ses propositions auprès de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, et fixer une date de début des négociations. «Le travail avance pour une meilleure régulation du secteur», a indiqué cette dernière dans un tweet. «J’installerai début mars le comité national du T3P (secteur du transport public particulier de personne, NDLR) pour rendre compte des travaux accomplis.» De son côté, l’entreprise américaine Uber s’est dite «engagée à participer aux travaux initiés par le ministère».

Changement de statut obligatoire

Pour rappel, en novembre dernier la ministre des Transports avait finalement supprimé un allongement du délai d’application de la loi Grandguillaume au 31 mars 2018, déclenchant une fronde des syndicats FO Capa VTC et SCP VTC. Cette loi met fin au détournement du statut Loti, initialement conçu pour du transport collectif. Ainsi, depuis le 1er janvier 2018 les chauffeurs peuvent exercer uniquement en tant que taxi ou VTC. Pour favoriser cette transition, les chauffeurs dont le dossier a été déposé mais pas encore été traité au 29 décembre 2017 peuvent continuer à exercer jusqu’à l’obtention du statut. «Nous aidons tous les chauffeurs à obtenir le statut de VTC, en les aidant à se préparer à l’examen avec des formations et en les accompagnant dans leurs démarches administratives», précise Uber France. «Les plateformes ont le beau rôle, tempère Fabian Tosolini. Si on est dans cette situation aujourd’hui, c’est avant tout parce qu’elles n’ont jamais voulu traiter avec nous .»